lundi 26 novembre 2007

PAULINE BORGHÈSE

Est-ce bien toi
Ou bien n’y a-t-il là que rumeur
Est-ce bien toi Pauline
Qui fis prendre l’empreinte de ton sein
Pour y mouler une coupe de vermeil
Et pour qui la coupe
Et pour quel philtre y boire ?

Ô volage et tout à la fois la plus fidèle !
Tu vendis ton duché
Mais tu avais coupé ta chevelure
Est-ce bien toi
Aussi belle qu’il était possible de l’être
Ô Duchesse de Guastalla !
Ô l’égale de la déesse !

Est-ce bien toi
Adulée adorée
Qui donnas tes diamants
Après les avoir fait briller
Sur les hauteurs de Rome
Dans les palais de Neuilly et ceux du Faubourg
Est-ce bien toi fidèle
Qui demandas à suivre ton frère
En exil à Sainte Hélène ?

Est-ce bien toi voluptueuse
Ô tentation du fruit !
Est-ce bien toi que je vis à la Galerie Borghèse
À Rome
Sculptée par Canova dans le marbre de Carrare
Est-ce bien toi
Allongée sur le divan
Aussi belle qu’il était possible de l’être. 26.11.07

vendredi 23 novembre 2007

LES TEMPLES

A Cordoue est la plus grande mosquée du monde
Après celle de la Mecque
Abd Ar Rahman premier la bâtit dès l’an sept cent cinquante
Lui donnant huit cent cinquante colonnes de marbre
Prises aux monuments romains d’Hispanie
Un autre Abd Ar Rahman l’agrandit
Vint Al Mansour
Puis elle devint une église
Qui devint elle-même cathédrale gothique


A Constantinople Sainte Sophie
Était cathédrale
Elle fut une mosquée
Elle est un musée


Ainsi vont les temps
Ainsi vont les siècles
Ainsi vont les hommes


Aristote est le père d’Avicenne
Et Platon celui de Saint-Augustin


Les marbres de Caracala sont allés aux églises de Rome
Les colonnes de Trajan à L’Alhambra de Grenade
La cathédrale d’Alger est devenue musée
Le Panthéon d’Agrippa est devenu une église
Victor-Emmanuel y fut enseveli
Lequel était Franc-Maçon s’il m’en souvient bien


Les hordes plus ou moins barbares
Déferlent toujours en dépouillant les ruines
dont elles sont responsables


20.11.07

dimanche 11 novembre 2007

LE VATICAN

J’ai vu des gardes suisses
Qui barraient une porte
Chacun si je me souviens bien
Tenait une hallebarde
Ils étaient vétus de jaune
Jaune rayé de noir
Verticalement
Le béret sur l’oreille
Pas un sourcil ne bouge

Mais je n’ai pas vu
D’autres habitants
Des lieux

Place Saint Pierre
Un peu en désordre
La colonnade du Bernin
Les bras ouverts
L’obélisque égyptien
Les fontaines
Les statues sur les murs
Cent quarante statues de saints
Les escaliers


Troupeaux de touristes agglutinés
Par paquets de cent
Conférenciers
Paroles de graviers roulants
Ou paroles de savon
De miel
Ou bien babils




Mais la plupart du temps
Japonais
Anglais
Chinois
Polonais
Espagnols
Russes
Extraterrestres supposés
Triés

On écoute

Écoulements soudains et pressés
Par paquets
Inattendus
Suivez l’ombrelle rose
Vers les couloirs
Appareils photos
Oreillettes malaisées que l’on ajuste
L’air attentif
Et absent tout à la fois
Ailleurs

Les volets du Pape sont fermés
Il n’est pas ici en ce dimanche- là

Déversement dans la Sixtine
Quinze minutes
Silence
Immobiles
Serrés autant que dans le métro
Les yeux au plafond
Le doigt du Créateur



Passage dans la Basilique
Au trot
Le baldaquin
Ah ! J’ai vu La Pièta de Michel-Ange
Derrière sa vitre blindée
Les peintures
Les sulptures
Les tombeaux
Tiens, voilà Jean Vingt Trois !
La chaire


La crypte
Les gisants
Tiens, voici Jean-Paul Deux !
Une religieuse grise à genoux sur le granit
Prie
Le flot des touristes passe


Sortie du couloir
La place
Ses pavés
Éblouissement dans la lumière


Boutiques
Souvenirs
Babioles
Statuettes
Médailles
Chapelets
Posters
Livres d’images


Rendez-vous au coin de la rue
L’autobus vous attend



Statue de Saint Pierre
Statue de Saint Paul
Priez pour nous




Mais n’y a-t-il donc personne
ici ?




10.11.07

samedi 10 novembre 2007

LE BERNIN

LE POUCE DE PLUTON


ET L’INDEX DE PROSERPINE






Le David de Michel-Ange est songeur
Celui de Bernini a autre chose à faire
Et il le fait
Tout entier tendu dans l’action
Faisant tourner la fronde


C’est là le génie du Bernin
Il sculpte des hommes de chair
Des femmes de chair
Vivants


Et le pouce du dieu des enfers
S’enfonce dans la tendre cuisse de Poserpine
La main de la déesse des saisons
Déforme le visage qu’elle repousse


Mais ce qui semble le plus admirable
Y avez-vous songé ?
Ce sont les doigts ...
Comment sans le casser
Dégager d’un bloc de marbre
L’index de Proserpine ?

10.11.07

jeudi 8 novembre 2007

LUCQUES (ÉLISA)

ÉLISA


La dame à la tour monte

Monte tout en haut
De la tour Guinigi
Princesse de Lucques et de Piombino
Monte à la tour couronnée de chênes vifs
Princesse Bonaparte
Princesse Bacciochi


Remparts d’ocre rouge
Ruelles étroites d’ocre jaune
Cathédrale de marbre de Carrare
Portes fortifiées
La place Napoléon
L’avenue Élisa
De la Princesse on garde souvenir

La dame à la tour monte
Aussi haut qu’elle peut monter

Grande Duchesse de Toscane
Dans Florence la belle
Aux salons du palais Pitti
Qui fut aux Médicis
Ah ! Les jasmins
Dans les jardins de Boboli !



Dentelles et rubans
Soieries
Perles en colliers
Lourds manteaux de velours
Fouragères et galons d’or
Shakos brandebourgs
Plumes en panaches
Marqueteries
Tableaux et statues


Mais la valse tournait


Élisa
Ah! Que vienne vienne vienne
Que revienne le temps !






7.11.07